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Botanique

Le cannabis est originaire de l’Asie centrale et du Sud. De la même famille botanique que le houblon, sa classification botanique exacte est encore discutée parmi les spécialistes. Selon les sources, le cannabis serait constitué d’une seule espèce (Cannabis sativa), de deux espèces (C. sativa et C. indica) voir de trois espèces (C. sativa, C. indica et C. ruderalis).

 

Actuellement la classification en une seule espèce (C. sativa) avec plusieurs sous-espèces est privilégiée.

 

Environ 100 phytocannabinoïdes ont été identifiés dans le Cannabis. Ils sont surtout présents dans les fleurs, les trichomes et les feuilles des plantes:

  • le plus connu et le plus étudié est le Δ-9 tétrahydrocannabinol (THC), responsable des effets psychotropes,

  • le plus intéressant d’un point de vue médical est le cannabidiol (CBD); il n’a pas d’effets psychotropes,

  • de nombreux autres cannabinoïdes (cannabigérol, cannabivarine, cannabichromène, cannabicyclol, cannabivarine, ....) sont présents sous forme de traces; peu d’études sur les propriétés thérapeutiques et psychotropes ont été effectuées.

Botanique

Historique

Le cannabis compte parmi les premières plantes cultivées par l’homme. Sa domestication a commencé il y a 10.000 - 8.000 ans en Chine (1). Les graines ont été utilisées comme aliments, l’huile des graines a été utilisée comme aliment et source de lumière dans des lampes, les fibres ont été utilisées pour la fabrication de vêtements, de cordes, de canevas et de matériel de construction.

Les propriétés thérapeutiques du cannabis ont été décrites dans la première encyclopédie médicale connue, le “Pen Ts’ao”, rédigée il y a 2700 ans en Chine. Des tribus nomades d’Asie centrale ont ramené le chanvre en Europe de l’Est il y a 2500 ans environ. Grace aux Romains, il s’est répandu en Europe centrale et aux Iles britanniques. Partout en Europe médiévale le cannabis a été utilisé pour ses propriétés médicales. Au 19ième siècle, le cannabis et des extraits de cannabis comptaient parmi les remèdes les plus populaires pour traiter les douleurs, les rhumatismes et les convulsions.

Extrait de cannabis médical du début du 20ième siècle (2)

Le déclin du cannabis a commencé vers la fin du 19ième et au début du 20ième siècle, ce pour plusieurs raisons:

  • le progrès de la chimie organique et pharmaceutique, qui a permis la synthèse de médicaments efficaces, de qualité homogène et disponible indépendamment des conditions climatiques ou de la nature du sol,

  • la concurrence du coton, bon marché, simple à cultiver et plus facile à récolter que le cannabis,

  • les intérêts commerciaux de plusieurs groupes de pression américains qui, au début du 20ième siècle, ont réussi à interdire l’utilisation du cannabis, aussi bien  médicales que récréatives.

En 1976, une première exception à la prohibition a été accordée aux Etats-Unis d’Amérique à un patient souffrant d’un glaucome. En 1996, l’Etat de Californie a autorisé l’« usage compassionnel », c’est-à-dire l’utilisation d’un médicament n'ayant pas encore obtenu l’autorisation de mise sur le marché, du cannabis pour « toute maladie où il peut apporter un soulagement ».

Historique

Utilisations médicinales et effets secondaires

Depuis environ 20 ans l’intérêt scientifique pour le cannabis médical a connu un essor important. De nombreuses études ont montré que le THC et le CBD peuvent avoir des effets bénéfiques dans le traitement d'un grand nombre de maladies (3).

 

Le mode d’action des phytocannabinoïdes est basé sur son interaction directe ou indirecte avec le «système endocannabinoïde» à travers les récepteurs CB1 et CB2 (4). Ce système, commun à tous les vertébrés et certains non vertébrés, est responsable de l’homéostasie, c’est-à-dire la maintenance d’un équilibre physiologique et psychologique stable malgré des variations des milieux internes et externes.

 

Ceci comporte de très nombreux aspects directement liés au bien-être de chaque individu. Par exemple l’homéostasie englobe aussi bien des changements d’humeur, que la réponse à une inflammation, la régulation de l’appétit ou la protection du système nerveux.

 

 

 

La séparation stricte des effets liés soit au THC soit au CBD doit être appréciée avec prudence, des études ont montré que c’est l’ensemble des cannabinoïdes avec d’autres composés présents dans la plante, tel que les terpènes, qui sont responsables des biens-faits de la plante (5).

La consommation de cannabis, respectivement d’extraits de cannabis, riche en CBD et pauvre en THC ne présente pas d’effets secondaires notables. Le « National Institut of Health », la plus grande institution publique de recherche médicale au monde et qui relève du Ministère de la Santé des Etats-Unis, résume sur sa page web (6) : “A review of 25 studies on the safety and efficacy of CBD did not identify significant side effects across a wide range of dosages, including acute and chronic dose regimens, using various modes of administration.” La WHO a conclut dans un rapport que le CBD n'est pas nocif ou toxique mais bien toléré par les êtres humains  et ade nombreux potentiels thérapeutiques. 

Les effets secondaires du cannabis sont bien connus ; ils concernent surtout le THC et sont résumés dans le tableau ci-dessous:

                                                                          EFFETS                                             THC          CBD

                                                                          Tachycardie                                       X   

                                                                          Diminution pression artérielle          X               X

                                                                          Diminution mémoire court terme     X 

                                                                          Yeux rouges                                       X   

                                                                          Vertiges, coordination motrice         X

                                                                          Effets psychotropes                           X

                                                                          Schizophrénie                                    X

                                                                          Dépendance                                      X

                                                                          Modulateur enzymes hépatiques     X               X

Comme les phytocannabinoïdes sont des modulateurs d’enzymes hépatiques, ils peuvent avoir un effet sur la vitesse d’élimination de certains médicaments (p.ex. anti-coagulants, anti-cancéreux, anti-épileptiques). Si vous prenez des médicaments il est donc conseillé de surveiller avec votre médecin leurs taux sériques en cas de consommation de cannabis.

Des cas graves d’épilepsie chez des enfants très jeunes (0-5 ans) ont été traités avec des extraits de CBD et ont montré des résultats positifs parfois spectaculaires (7, 8). Cependant, il existe peu d’études sur les effets à long terme d’utilisation de cannabinoïdes chez ces patients, et le THC a un effet négatif sur le développement neurologique chez les jeunes enfants (9).

Utilisations

Formes de consommation

Les cannabinoïdes sont présents dans les plantes sous une forme chimique ne produisant aucune, sinon que très peu d’activité pharmacologique. Afin d’avoir des effets médicinaux, les cannabinoïdes doivent être transformés dans une forme active. C’est la

raison pourquoi la consommation du cannabis, passe par une étape de chauffage: fumé dans des cigarettes, inhalé sous forme de vapeur, bu sous forme de thé ou cuit dans des aliments tels que des gâteaux.

Chaque forme de consommation présente des avantages et inconvénients :

  • fumer le cannabis apporte des effets rapides mais, comme le tabac, comporte le risque de développer des cancers des voies respiratoires,

  • boire des extraits de cannabis sous forme de thé est la façon la plus douce de consommation, mais la concentration en cannabinoïdes est très faible,

  • la préparation alimentaire de cannabis, par exemple sous forme de "cookies", permet d’avoir des concentrations plus élevées, mais la cuisson peut détruire les cannabinoïdes et un dosage exact est difficile.

Extrait de chanvre produit à Luxembourg par la société "Cannad'Our"

L’extraction par l’alcool ou par le dioxyde carbone permet d’avoir des teintures fortement enrichies en cannabinoïdes et de terpènes. Une dilution avec des huiles végétales est alors effectuée pour obtenir des solutions à des concentrations bien définies permettant des dosages exacts (p.ex. 8% CBD, 16% CBD, …).

Les sprays à inhaler, commercialisés par quelques firmes pharmaceutiques, sont généralement composés d’un mélange de CBD et de THC synthétiques. L’avantage est un dosage exact, le désavantage est la perte d'effets bénéfiques en raison de l'absence d' autres cannabinoïdes et les terpènes présents dans les extraits naturels (Effet entourage).

Formes conso

Dosage

Peu d’études sur le dosage ont été publiées, il semble cependant que des variabilités interindividuelles importantes existent, p.ex. plus le poids du consommateur est élevé plus le dosage doit être élevé.

Il est recommandé :

  • de discuter la prise de cannabinoïdes avec son médecin, surtout si d’autres médicaments sont pris,

  • de commencer avec de doses faibles et de les augmenter jusqu’à observation d’un effet thérapeutique,

  • de prendre plusieurs doses faibles plutôt qu’une dose élevée,

  • de continuer à prendre des doses constantes pendant quelques (5-7) jours, même si on n’observe pas des effets bénéfiques tout de suite.

Des recommandations de dosage ont été publiés en 2018 par les chercheurs américains MacCallum et Russo. Ils peuvent être consultés ici: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29307505

Dosage

Références

  1. Clarke R, Merlin M. Cannabis - Evolution and Ethnobotany; 2013.

  2. Wikipedia. Drug bottle containing cannabis. https://commons.wikimedia.org/wiki/ File:Drug_bottle_containing_cannabis.jpg.

  3. Whiting PF, Wolff RF, Deshpande S, et al. Cannabinoids for Medical Use. JAMA. 2015;313(24):2456. doi:10.1001/jama. 2015.6358.

  4. Pertwee RG. The diverse CB 1 and CB 2 receptor pharmacology of three plant cannabinoids: Δ 9 -tetrahydrocannabinol, cannabidiol and Δ 9 - tetrahydrocannabivarin. Br J Pharmacol. 2008;153(2):199-215. doi:10.1038/sj.bjp. 0707442.

  5. Russo EB. Taming THC: potential cannabis synergy and phytocannabinoid-terpenoid entourage effects. Br J Pharmacol. 2011;163(7):1344-1364. doi:10.1111/j. 1476-5381.2011.01238.x.

  6. Volkow N. The Biology and Potential Therapeutic Effects of Cannabidiol | National Institute on Drug Abuse (NIDA). https://www.drugabuse.gov/about-nida/legislativeactivities/testimony-to-congress/2016/biology-potential-therapeutic-effectscannabidiol. Accessed December 18, 2016.

  7. Maa E, Figi P. The case for medical marijuana in epilepsy. Epilepsia. 2014;55(6): 783-786. doi:10.1111/epi.12610.

  8. Tzadok M, Uliel-Siboni S, Linder I, et al. CBD-enriched medical cannabis for intractable pediatric epilepsy. Seizure. 2016;35:41-44. doi:10.1016/j.seizure. 2016.01.004.

  9. Trezza V, Cuomo V, Vanderschuren LJMJ. Cannabis and the developing brain: Insights from behavior. Eur J Pharmacol. 2008;585(2-3):441-452. doi:10.1016/j.ejphar. 2008.01.058.

  10. https://www.projectcbd.org/guidance/cannabis-dosing
    https://www.cannimed.ca/pages/dosing-and-delivery

Références
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